Passionnés, curieux et talentueux, ces grands noms de l’hypnose ont traversé l’Histoire et ont permis de faire connaître et reconnaître cette discipline fascinante. Aux quatre coins du globe, de 1700 à aujourd’hui, ces experts de la suggestion se sont battus pour que l’hypnose soit acceptée par le milieu médical et le grand public. Certains d’entre eux ont choisi l’approche thérapeutique alors que d’autres ont préféré la scène et l’hypnose de spectacle. Remontons trois siècles en arrière et partons à leur rencontre…
Tour du monde des grands hypnotiseurs
Thérapie alternative à l’aura mystérieuse, l’hypnose fascine autant qu’elle questionne. En remontant dans le temps et en dressant le portrait de ceux qui lui ont permis d’exister, on apprend aussi à mieux la connaître…
Franz-Aton Mesmer et le « magnétisme animal »
Donnant son nom au Mesmérisme, Franz-Aton Mesmer est le célèbre hypnotiseur à qui l’on doit le ‘magnétisme animal’. Ce Docteur en médecine à l’université de Vienne (1776), convaincu de la limite des thérapies conventionnelles, se penche sur la question du magnétisme. Pour lui, le corps humain se compose d’un ‘fluide universel’ dont la mauvaise répartition provoque des déséquilibres moraux et physiques.
Ses outils ? Ses propres mains ainsi que des baquets et baguettes de fer aimanté.
Considéré par certains pairs comme un charlatan, Franz-Aton Mesmer s’installe à Paris et rencontre un franc succès.
Il se fait notamment connaître grâce à ses spectaculaires séances de groupe durant laquelle ses patients sont régulièrement pris de convulsions.
Abbé Faria : religion, science et magnétisme
Né en Inde et d’origine portugaise, José Custódio de Faria étudie la théologie à Rome, devient abbé et s’installe en France en 1788. En pleine Révolution, son implication lui vaut une incarcération au château d’If. Son histoire a d’ailleurs inspiré Alexandre Dumas dans l’écriture de son très célèbre livre ‘Le Comte de Monte-Cristo’.
Plus tard, l’Abbé Faria devient magnétiseur, formé par le Marquis de Puy Ségur (lui-même ancien élève de Franz-Aton Mesmer). Ses patients, qu’il plonge dans ce qu’il appelle un ‘sommeil lucide’ sont les premiers à profiter des bienfaits de la suggestion hypnotique.
Braid et Esdaile : les deux James et les premières anesthésies sous hypnose
À la même époque en Ecosse, James Braid, à qui l’on attribue l’origine du terme ‘hypnose’, se spécialise dans l’induction hypnotique. Il s’essaye même, avec brio, à l’anesthésie sous hypnose dans le cadre d’amputations.
De son côté, James Esdaile, également Écossais, est un magnétiseur et hypnotiseur connu pour avoir mis au point le fameux ‘état d’Esdaile’, une transe hypnotique très profonde utile dans le cas d’anesthésies.
Ivan Pavlov et le fameux reflexe pavlovien
Scientifique Russe, Ivan Pavlov marque le XIXème siècle grâce à sa découverte du célèbre réflexe pavlovien. Son travail, notamment sur les chiens, met en évidence la capacité de différents stimuli sonores à déclencher un réflexe/conditionnement inconscient. L’hypnose thérapeutique fait encore régulièrement appel à ce phénomène pour remodeler en profondeur les conditionnements qui nous bloquent.
Alfonso Caycedo : hypnotiseur et sophrologue
Hypnotiseur connu et reconnu, neuro-psychiatre fondateur de la sophrologie, le professeur Caycedo a aussi créé la Société Espagnole d’Hypnose Clinique et Expérimentale en 1959. Fasciné par les états de conscience modifiés, il a notamment usé de ses compétences pour que l’hypnose s’impose comme une alternative aux procédés thérapeutiques plus violents, et notamment les électrochocs.
Nicholas Peter Spanos : une approche psychologique et sociale
Pendant ce temps, aux États-Unis, Nicholas Peter Spanos, un professeur de psychologie, s’interroge sur l’état de conscience modifié. Il estime notamment que les biais existent même en hypnose. Pour lui, le contexte et les normes sociales ont un rôle important à jouer dans le processus.
Milton Erickson : naissance de l’hypnose Ericksonienne Outre-Atlantique
Hypnotiseur connu et réputé dans le monde entier, Milton Erickson a chamboulé le monde de la suggestion hypnotique en repensant complètement le « rapport de force » entre l’hypnotiseur et son hypnotisé.
Appelée aujourd’hui l’hypnose Ericksonienne, son approche considère le sujet comme étant acteur de sa guérison. En travaillant sur la suggestion positive, indirecte et le lâcher prise, il a remis l’individu hypnotisé au coeur du processus.
Ce n’est pas l’hypnotiseur mais bien le sujet qui puise au cœur de ses propres ressources intérieures pour initier un profond changement.
Psychiatre et psychologue de talent, Milton Erickson a sans conteste bousculé les codes de l’hypnose du XXème siècle.
L’hypnose en France
Le Marquis de Puysegur : et l’hypnose médicale fit son entrée en France
Presque deux siècles en arrière, le Marquis de Puysegur s’interroge sur sa façon d’exercer. Au fil des expériences, ce magnétiseur, ancien élève de Mesner, se rend compte que le magnétisme animal et les crises de convulsion qui l’accompagnent ne sont pas une fin en soi. Son approche plus douce, basée sur l’échange verbal entre le magnétiseur et le magnétisé, permet également d’obtenir une transe profonde, propice à la suggestion hypnotique (dit sommeil magnétique).
Ambroise-Auguste Liébeault et Hippolyte Bernheim fondent l’École de Nancy
En France, il faudra attendre la fin du XIXème siècle pour réellement parler d’âge d’or de l’hypnose. Ambroise-Auguste Liébeault et Hippolyte Bernheim, deux médecins adeptes de l’hypnose autoritaire par suggestion, fondent la très réputée École de Nancy. Notamment étudiés par Sigmund Freud et Émile Coué, les travaux des deux hommes et de leur établissement ont largement influencé la psychologie moderne et l’hypnose clinique.
La fameuse méthode d’Émile Coué
Maître de l’auto-suggestion, Émile Coué est connu pour avoir mis au point une méthode de développement personnel très efficace fondée sur la suggestion positive. Ses travaux ont mis en évidence la capacité du patient, via son imaginaire, à modifier profondément son inconscient via la suggestion répétée. Il s’oppose à l’hypnose autoritaire et considère que chacun possède en lui les clés de l’auto-guérison.
Pierre Janet : quand l’hypnose n’a plus la côte
Philosophe, psychologie et médecin Français, Pierre Janet est passionné par les états de conscience. En analysant les réactions des patients hypnotisés, il découvre ce qu’il considère être une deuxième conscience modifiée. Ses travaux lui permettent notamment de mieux comprendre le phénomène du dédoublement de personnalité.
Malheureusement, l’hypnose perd de sa popularité au profit de la psychanalyse et le travail de Pierre Janet n’est pas reconnu à sa juste valeur.
Du côté de l’hypnose de spectacle
Alfred Edouard d’Hon (« Donato ») : l’hypnose sur scène
Alfred Edouard d’Hon, de son nom de scène Donato, est celui à qui l’on doit l’hypnose théâtrale. Ce magnétiseur Belge, célèbre hypnotiseur de foule, affirme qu’il peut endormir son public et prendre le contrôle sur lui.
À la fin du XIXème siècle, ses spectacles parisiens rencontrent un impressionnant succès. Formé solidement à l’hypnotisme par le neurologue Jean-Martin Charcot, il n’en est pas moins un homme de scène et un excellent homme d’affaires.
Wolf Messing : mystères et controverses
À l’origine mentaliste, le Polonais Wolf Messing est sans doute le plus mystérieux des hypnotiseurs célèbres. Intéressé par l’hypnose de spectacle, il se dit capable de manipuler le mental d’un individu grâce au simple pouvoir de la suggestion.
Après être littéralement revenu d’entre les morts, il fait une brève carrière de télépathe en Allemagne, puis file vers la Russie où ses spectacles lui font vite atteindre la célébrité.
La légende raconte qu’il serait devenu un très proche collaborateur de Staline après lui avoir fait la démonstration de son talent.
Derren Brown : le mentaliste « star »
Hypnotiseur et magicien, Derren Brown est un illusionniste Anglais très réputé et médiatisé. On le considère d’ailleurs souvent comme le meilleur hypnotiseur de spectacle du XXIème siècle. L’approche particulière et fine de cet hypnotiseur connu est très appréciée du public anglophone.
Pour preuve, ses interventions font souvent le buzz sur les écrans anglais et américains !